Réflexions sur les finances personnelles en période de hausse des taux d’intérêt
septembre 15, 2022
Beaucoup d’entre nous se sont habitués à vivre dans un monde de faibles taux d’intérêt. Pendant la majeure partie des deux dernières décennies, les taux d’intérêt ont été maintenus à des niveaux relativement bas, en partie en raison du ralentissement de la croissance économique et de l’inflation modeste. Depuis le début du millénaire et jusqu’à tout récemment, les niveaux d’inflation1 n’ont jamais dépassé 4 % et ont souvent peiné à atteindre 2 %.2
En réponse à l’inflation élevée persistante, alors que les derniers rapports indiquent que l’inflation a atteint 8,1 % au pays3,les banques centrales adoptent une approche encore plus agressive pour relever les taux d’intérêt. En juillet, la Banque du Canada a surpris les marchés en augmentant son taux de prêt à un jour d’un point de pourcentage, sa plus forte hausse depuis 1998, signalant ainsi qu’elle estime peut-être avoir attendu trop longtemps pour maîtriser l’inflation. Depuis le début de l’année, elle a déjà relevé les taux d’intérêt à quatre reprises, faisant passer le taux de financement à un jour de 0,25 %, où il se maintenait depuis mars 2020, à 2,5 %, son niveau le plus élevé depuis la crise financière mondiale il y a près de 15 ans.4
Comment des taux d’intérêt plus élevés combattent-ils l’inflation?
Des taux d’intérêt plus élevés encouragent l’épargne et découragent les emprunts en les rendant plus coûteux, ce qui contribue à réduire les dépenses et la demande. Aujourd’hui, la demande a dépassé l’offre pour de nombreux biens et services, ce qui a poussé les prix à la hausse. Cette situation a été largement attribuée aux mesures prises pendant la pandémie, notamment des mesures de relance sans précédent, et aux problèmes persistants de la chaîne d’approvisionnement dus aux arrêts de production, ainsi qu’au conflit en cours en Ukraine.
La hausse agressive des taux d’intérêt devrait notamment avoir pour effet de ralentir la croissance économique. C’est pourquoi de nombreux observateurs du marché ont exprimé leurs inquiétudes quant à une éventuelle récession. Le ralentissement de la croissance économique et la baisse de la demande risquent d’inciter de nombreuses entreprises à réduire leurs coûts, entraînant ainsi possiblement une hausse du taux de chômage. Pourtant, compte tenu de la solidité des marchés du travail à proximité, les banques centrales espèrent créer un « atterrissage en douceur », le scénario idéal d’une économie saine selon lequel la croissance ne sera pas trop ralentie et les prix se stabiliseront au bon niveau.
Qu’en est-il de vos finances personnelles?
Au cours de la dernière décennie, les dettes ont été relativement supportables en raison de la faiblesse prévisible des taux d’intérêt. Pour beaucoup, il était facile de s’endetter sans trop de soucis. Aujourd’hui, l’emprunt devient de plus en plus coûteux, car les paiements d’intérêts augmentent avec la hausse des taux. Les dettes à taux d’intérêt fixe ne seront pas touchées, comme les prêts hypothécaires à taux fixe dont les taux sont bloqués pendant toute la durée du prêt. Toutefois, les détenteurs de prêts hypothécaires à taux variable, de marges de crédit ou d’autres prêts à taux variable verront probablement leurs coûts augmenter, et beaucoup n’étaient peut-être pas préparés à une hausse aussi rapide. De plus, la possibilité d’augmentations continues ne doit pas être négligée. La hausse des taux d’inflation ne fait qu’aggraver la situation. Nous avons presque tous été touchés par l’escalade des frais d’épicerie, d’essence et d’autres biens et services.
Même si nous espérons que des taux d’intérêt plus élevés contribueront à maîtriser l’inflation, certains éléments doivent être pris en compte, alors que nous demeurons confrontés au défi de la hausse des taux :
Remboursez vos dettes. Étudiez la possibilité de rembourser autant de dettes que possible. Si vous avez plusieurs dettes, envisagez de donner la priorité à celles dont le taux d’intérêt est le plus élevé, comme les cartes de crédit, car elles sont plus coûteuses à supporter. Il serait prudent de comprendre les modalités de votre ou vos prêts et l’incidence d’éventuelles augmentations de taux sur le montant que vous devez. Par exemple, si vous avez un prêt hypothécaire à taux variable, vérifiez comment des hausses supplémentaires du taux d’intérêt augmenteront vos paiements d’intérêt ou réduiront le montant du capital que vous remboursez. Votre période d’amortissement, soit le temps qu’il faut pour rembourser le prêt hypothécaire en entier, peut augmenter. Par exemple, si le taux variable passe de 1,5 % à 4 % et que le montant des versements reste fixe, l’amortissement passe de 25 à 45 ans.
Réexaminez votre budget. En raison de la hausse des taux d’intérêt, si vous avez des dettes à rembourser, il vous serait avantageux de réévaluer votre budget pour donner la priorité au remboursement de celles-ci. Néanmoins, une révision de votre budget s’avère utile en cette période de forte inflation, même si vous n’avez pas de dettes. Le coût de la plupart des biens et services a récemment augmenté. Même si vous disposez de fonds suffisants, un examen complet de vos habitudes de consommation peut s’avérer judicieux : vous serez peut-être surpris de voir combien vous dépensez pour certains articles et cette démarche vous incitera sans doute à mieux équilibrer vos priorités en matière de dépenses.
Tenez compte de l’impact éventuel sur le marché du logement. Les hausses de taux d’intérêt devraient freiner le marché du logement, qui montre déjà certains signes de ralentissement.5 Les taux plus élevés augmentent les coûts d’emprunt, ce qui peut rendre plus difficile pour certains l’accès à un prêt hypothécaire ou la réduction du montant d’un prêt. Cette situation devrait tempérer la demande et entraîner possiblement une baisse des prix des logements. Pendant de nombreuses années, les faibles taux d’intérêt ont contribué à soutenir la hausse des prix des logements : les capitaux étaient facilement accessibles, les nouveaux acheteurs entraient sur le marché par peur de rater une occasion et les guerres d’enchères devenaient courantes dans de nombreuses métropoles. Ce phénomène a également attiré de nombreux investisseurs et spéculateurs, ce qui a encore fait grimper les prix des logements. Toutefois, il convient de souligner que, tout comme les autres actifs financiers, le marché du logement est susceptible de connaître une baisse de sa valeur.
Vous détenez de l’argent dans des comptes d’épargne à faible taux d’intérêt? Ceux qui ont gardé des liquidités sur des comptes d’épargne à faible taux d’intérêt peuvent étudier la possibilité de revoir leurs options à mesure que les taux d’intérêt augmentent. Les placements à faible risque et à revenu fixe qui ont été largement abandonnés en raison de la faiblesse persistante des taux d’intérêt peuvent commencer à être plus attrayants; en effet, certains certificats de placement garanti (CPG) de cinq ans affichent maintenant des taux aussi élevés que 5 %. D’autres placements à revenu fixe ont vu leurs rendements augmenter – le rendement de référence des obligations du gouvernement du Canada à 10 ans a atteint un sommet de 3,627 % à la mi-juin, mais au moment d’écrire ces lignes, il avait reculé en raison de la faiblesse des données économiques. Bien sûr, le marché des titres à revenu fixe a connu une année difficile, car la hausse des taux a fait baisser le prix des obligations, et d’autres hausses de taux et de la volatilité sont à prévoir. Toutefois, les prix et les rendements des obligations évoluent dans des directions opposées, de sorte que des prix plus bas peuvent offrir la possibilité de profiter de rendements plus élevés. Alors que les actions donnant droit à des dividendes ont été une source essentielle de revenus pour de nombreux investisseurs, certains rendements obligataires pourraient augmenter à des niveaux qui, pour certains, pourraient offrir des possibilités de revenus.
Profitez de la vigueur du marché du travail. Face aux difficultés des marchés financiers et à la hausse de l’inflation, le marché du travail est peut-être le seul point positif en cette période difficile. Le marché du travail actuel est encore considéré comme « tendu » : il y a beaucoup d’offres d’emploi et peu de travailleurs disponibles pour les pourvoir. C’est pourquoi certains experts en finances personnelles suggèrent que le moment est peut-être opportun pour les personnes actives d’examiner le marché du travail et d’augmenter potentiellement leurs revenus6. Il peut s’agir d’améliorer son emploi actuel, de demander une augmentation, de trouver un nouveau lieu de travail offrant de meilleurs avantages, salaires ou primes ou même d’obtenir un emploi à temps partiel.
1. Selon l’indice des prix à la consommation de la Banque du Canada ou « IPC total ». Reportez-vous à : https://www.bankofcanada.ca/core-functions/monetary-policy/inflation/
2. https://www.bankofcanada.ca/rates/price-indexes/cpi/
3. https://www.cbc.ca/news/business/canada-inflation-rate-1.6526060
4. En date du 31 juillet 2022. En juillet 2008, le taux de financement à un jour de la Banque du Canada était de 3 %.
5. https://www.theglobeandmail.com/business/article-canadian-home-prices-spiral-down-in-june/
6. https://www.theglobeandmail.com/investing/personal-finance/young-money/article-cutting-spending-to-deal-with-higher-mortgage-rates-and-inflation-is-a